Cette fois, le Tour de France peut vraiment commencer
Après neuf jours dans la plaine peu emballants, les choses sérieuses débutent ce mardi pour tous les favoris avec la première des trois étapes alpines.
- Publié le 17-07-2018 à 10h09
- Mis à jour le 17-07-2018 à 11h43
Après neuf jours dans la plaine peu emballants, les choses sérieuses débutent ce mardi pour tous les favoris avec la première des trois étapes alpines. Les neuf premiers jours du Tour de France n’ont guère été spectaculaires, mais ils ont provoqué leur (petit) lot de rebondissements. Presque tous les prétendants à la victoire finale et aux accessits ont dû, tour à tour, lâcher du lest. Revue des troupes.
Qui a perdu le Tour ?
Une seule grande victime a été à déplorer depuis le Grand Départ en Vendée : Richie Porte. L’Australien a quitté la route du Tour. Pour tous les autres, rien de définitif n’a été concédé cependant, même si Dan Martin, samedi, et Rigoberto Uran, le lendemain sur les pavés, ont perdu plus d’une minute. D’une manière générale, que ce soit le premier jour, puis dans le chrono par équipes, à Mûr de Bretagne ou à Roubaix, les écarts ont à chaque fois été contenus. Ce qui nous donne un classement très dense avec moins de deux minutes entre tous les candidats à la succession de Froome.
À qui l’avantage ?
Malgré les 51 secondes concédées le premier jour, Froome est en position favorable, mais les écarts sont très resserrés. De ce fait, les jours à venir nous promettent une bataille de chiffonniers sur les cols alpins avec des secondes de bonification à grappiller lors des arrivées. Trois étapes ont été tracées dans les Alpes. Elles vont contraindre tous les prétendants à baisser les masques. Plus question de se cacher et, surtout, il conviendra d’avoir bien encaissé le passage de la plaine, des pavés, à la montagne. Une transition conjuguée aux effets, souvent néfastes pour certains, de la journée de repos.
Quel programme dans les Alpes ?
La première étape alpine est courte et recense quatre cols, pas très longs mais assez pentus, à l’image de l’inédite montée vers le plateau des Glières. La fin de l’étape est difficile, avec l’enchaînement des rudes cols de Romme et de la Colombière puis la plongée vers le Grand Bornand. Mercredi, l’étape est encore plus courte (et donc elle sera très nerveuse). C’est la première des trois qui finit en altitude, après la longue montée finale vers La Rosière (près de 18 kilomètres).
Mais l’étape reine dans les Alpes, c’est, cette année, celle de jeudi, entre Bourg-Saint-Maurice et l’Alpe d’Huez. Au programme, plus de 5.000 mètres de dénivelé, qui empêcheront quiconque de se cacher. Il y aura trois des ascensions les plus mythiques du massif alpin, les cols de la Madeleine et de la Croix de Fer, avant l’ultime montée vers l’Alpe d’Huez. On devrait en savoir beaucoup plus jeudi soir.
Thomas, principal rival de Froome ?
Le principal adversaire de Froome sera-t-il son équipier Geraint Thomas ? Le Gallois, vainqueur du Dauphiné, est deuxième du général et il dispose d’un statut particulier dans son équipe où il peut jouer les électrons libres. "On verra ce qui va se passer ces prochains jours, on fera le point à l’Alpe d’Huez (jeudi). Il est trop tôt pour parler de gagner le Tour", a dit ce lundi Geraint Thomas, dauphin de Greg Van Avermaet et donc premier candidat à prendre le maillot jaune. La relation entre Froome et Thomas est moins conflictuelle que celle qui existait entre Froome et Bradley Wiggins. Ce dernier n’a d’ailleurs pas manqué de jeter un peu d’huile sur le feu à distance. "Si Thomas prend le maillot jaune, Sky aura un gros problème", a dit l’Anglais, qui aimerait certainement voir son successeur se faire enquiquiner par Geraint Thomas.
Chris Froome: "Je suis toujours dans le jeu"
"J’ai les muscles raides après l’étape des pavés. Nous sommes passés à travers cette étape sans trop de casse, ni d’un point de vue physique, ni au classement, donc on peut être heureux. La montagne commence, avec cette 10e étape. Le Plateau des Glières, c’est un des grands défis de cette semaine. Je suis optimiste quant aux étapes à venir. Le classement général va commencer à se façonner. Je pense que des coureurs comme Greg Van Avermaet auront du mal à s’accrocher. Les trois prochains jours, en montagne, vont nous montrer où en sont exactement les grimpeurs. Avec Geraint Thomas, nous avons deux possibilités de gagner la course et c’est formidable d’être dans cette position, surtout que certains de nos rivaux ont deux ou trois possibilités. ‘G’est le mieux placé, mais je suis toujours dans le jeu."
Adam Yates: "Une nouvelle course commence"
"L’important durant la première partie du Tour était de ne pas perdre la course sur un accident. On ne pouvait pas gagner la course durant ces neuf jours, très nerveux et dangereux, notamment dimanche sur les pavés, mais on avait tout à perdre, comme Richie (Porte). Je m’en suis bien sorti, grâce à mes équipiers qui m’ont vraiment bien soutenu. Maintenant, c’est à moi de parler, c’est une toute nouvelle course qui débute dans les Alpes. Je suis impatient et excité d’arriver en montagne. Nous devrons tirer bénéfice des opportunités quand elles se présenteront. Il va falloir être patient, le Tour est encore long, il reste tellement à faire. Je sais d’expérience que ceux qui ont couru le Giro, malgré la semaine de repos supplémentaire entre les deux courses, risquent de payer l’addition en troisième semaine quand la fatigue se fera sentir."
Mikel Landa: "Pas de séquelles"
"Après ma chute de dimanche, j’ai pu me détendre relativement bien. J’ai seulement des plaies superficielles. J’ai assez bien dormi et ce matin (lundi matin), tout était normal; j’ai pu m’entraîner sans problème. Je ne crois pas qu’il y aura des suites ces prochains jours. Cette chute n’aura pas de séquelles, heureusement. Je suis impatient d’arriver dans la montagne. Les premiers jours du Tour ont été très nerveux mais je me sens bien, je suis en condition. On va enfin savoir ces prochains jours qui est en forme et qui l’est moins parmi les favoris. Pour nous (l’équipe Movistar et ses équipiers Alejandro Valverde et Nairo Quintana), l’important est de rester le plus longtemps possible tous les trois en position de jouer la gagne. Ce n’est que dans la troisième semaine que cela se décidera."
Vincenzo Nibali: "Je suis où je voulais"
"Je suis où je voulais. Après neuf jours de course, je me retrouve dans la position que j’espérais au classement général. Durant ces premières étapes, l’important était d’éviter la chute et les pièges, de ne pas perdre de temps au classement. C’est ce que j’ai fait, grâce à mes équipiers. Je suis très satisfait de leur travail. Maintenant, trois jours difficiles nous attendent dans les Alpes, ce seront trois étapes très exigeantes. Déjà, pour commencer, la montée des Glières est difficile. Je m’attends à un round d’observation entre les favoris. Nous attendons de voir si quelqu’un veut passer à l’attaque avant ou s’il faudra attendre la dernière montée pour en découdre. En général, les Alpes sont plus dures que les Pyrénées, mais cette année, celles-ci sont placées en fin de Tour."
Tom Dumoulin: "Encore très frais"
"Je n’ai pas roulé plus d’une heure dans ce jour de repos, pas gravi de col ou effectué une longue. C’est un jour de repos, non ? J’avais déjà fait cela au Giro. C’est plus étonnant qu’après neuf jours de course, nous n’ayons toujours pas gravi le moindre col. La première semaine a été vraiment très stressante, mais d’un point de vue physique, ce n’était pas très dur. Mon équipe a parfaitement manœuvré et, à l’exception de l’étape de Mûr-de-Bretagne (NdlR : où il a perdu plus d’une minute), je n’ai pas connu de soucis. Je me sens encore très frais et je me réjouis d’évacuer tout ce stress en poussant mon corps à ses limites ces prochains jours. Je suis incapable de vous dire où je me situe par rapport à mes adversaires. Les prochains jours vont nous éclairer à ce propos."
Romain Bardet: "Cela aurait pu être pire"
"On se retrouve à six, il ne faut pas qu’il nous arrive un autre pépin. Après Axel Domont, on perd Alexis (Vuillermoz) dont on connaît la valeur et l’importance qu’il a dans notre collectif. L’an dernier, il m’avait accompagné très loin en montagne. Être deux de moins, cela va nous obliger à économiser nos forces; on va devoir gérer notre énergie et être encore plus solidaires pour essayer de compenser. Je reste optimiste car j’ai eu de très bonnes sensations depuis le départ, mais on doit seulement escalader le premier col. J’ai beaucoup de retard déjà, ce n’est pas idéal mais cela aurait pu être pire. Pour moi, c’est une deuxième course qui commence. Je dois reprendre du temps mais le niveau est très élevé et dense. Je ne pense pas qu’il se passe énormément de choses avant les Pyrénées, même si les Alpes sont plus dures."
Nairo Quintana: "Je suis prêt pour la suite"
"Même si j’ai perdu du temps le premier jour, on s’en est sorti, nous avons surmonté toutes ces premières étapes compliquées, et nous avons été très attentifs en tant qu’équipe. Notre force, c’est le collectif. Nous sommes toujours dans la course, c’est le principal, en réussissant à éviter les gros problèmes. Maintenant, place à la montagne, la suite du Tour va être totalement différente. La meilleure partie de la course est devant nous et nous allons pouvoir nous opposer à nos rivaux sur le terrain qui nous convient le plus. Espérons que la force et la chance continuent à nous suivre. Personnellement, je me sens vraiment bien. Je suis prêt pour la suite et d’abord pour les trois prochaines étapes et je sais que mes équipiers le sont aussi."
Rigoberto Uran: "Maintenant, on va savoir"
"J’aborde la montagne avec du retard sur mes rivaux et ce n’est pas ce que je voulais, mais c’est la course. Je me console en me disant qu’en montagne, on peut perdre beaucoup plus de temps dans un mauvais jour. À partir de ce mardi, tout va changer. Nous n’avons eu jusqu’à présent que neuf étapes courues dans la plaine. Personne ne sait comment se sentent nos adversaires, s’ils sont forts et à quel point... Nous ne savons pas non plus à quel point nous sommes forts parce que nous n’avons encore escaladé aucune montagne depuis le départ. Un nouveau Tour de France commence pour tout le monde avec les cols des Alpes et des Pyrénées qui nous attendent. La route est encore longue jusqu’à Paris, l’important, c’est de bien récupérer."